Le cycle menstruel a toujours constitué un tabou dans le milieu du sport de haut niveau. Influant tantôt sur la performance des sportives tantôt sur leurs entraînements et sur de nombreux choix en compétition, cette donne a longtemps été mise de côté, voire négligée.
Toutefois, ces dernières années, les choses ont évolué vers le positif grâce aux sportives eux-mêmes, aux fédérations et aux associations œuvrant pour le bien-être des femmes dans le sport. Tour d’horizon sur ce sujet longtemps resté tabou mais qui tend à évoluer.
Les menstruations et ses conséquences sur le sport de haut niveau
On en parle presque jamais mais le cycle menstruel a un impact réel sur l’entraînement et les compétitions sportives. En effet, selon une étude, près de 82% des sportives interrogées souffrent du syndrome prémenstruel, un syndrome affectant grandement leurs performances de par les douleurs dorsales et pelviennes qui l’accompagnent. Outre ce syndrome prémenstruel, les règles sont également synonymes de troubles de l’humeur, de crampes, de maux de tête, de prise de poids et de fatigue de par la perte en fer qui résulte d’un flux trop abondant.
Cette fatigue, la nageuse chinoise Fu Yuanhui en a souffert lors des Jeux Olympiques de Rio. Ayant fini quatrième de sa course au relais 4x100mètres quatre nages et s’étant tordu de douleur avant le début de l’épreuve, la nageuse a confié à la télévision chinoise s’être sentie particulièrement fatiguée car elle avait ses règles depuis la veille. Impactant non seulement les performances des sportives, les menstruations peuvent également avoir un impact sur leur entraînement.
Devant parfois porter des couches pour adultes pour absorber les flux lors des entraînements et des compétitions, Laurie Genovese, championne du monde de parapente fait face, comme toutes les sportives, aux contraintes des règles lors de ses entraînements. « En général, on se rend quand même à l’entraînement. On serre les dents et on n’en parle pas », s’exprime-t-elle.
Les évolutions pour briser le tabou des règles en milieu sportif
Nombreuses sont les initiatives qui ont permis aux sportives de s’entraîner et d’enchaîner les compétitions malgré le cycle menstruel. De prime abord, les équipementiers prennent aujourd’hui conscience du fait que les maillots proposés aux sportives doivent s’adapter aux appréhensions liées aux règles. Ainsi, déjà interpellé par les joueuses de l’équipe de football anglaise pour ne plus fournir de shorts blancs pour leur éviter la hantise de la tache de sang, Nike a développé des shorts conçus pour cacher les fuites menstruelles grâce à la technologie « Nike Leak Protection : Period ».
L’équipe française de football est la première à bénéficier de ce short bleu (plus de blanc donc) pour la coupe du monde féminine qui se tiendra en Juillet en Océanie. Selon Jordana Katcher, vice-présidente de Women’s Global Sport Apparel : « Les footballeuses professionnelles jouent deux mi-temps de 45 minutes sans pause ni temps mort. Nombre d’entre elles nous ont dit qu’elles pouvaient passer plusieurs minutes sur le terrain en craignant d’avoir des fuites menstruelles. Lorsque nous leur avons présenté cette innovation, elles nous ont dit à quel point elles étaient reconnaissantes de pouvoir porter ce short qui les met en confiance lorsqu’elles ne peuvent pas quitter le terrain »
Outre l’équipement, une application plébiscitée par l’équipe américaine de football féminin a également vu le jour afin d’accompagner les sportives dans la pratique de leur sport lorsqu’elles font face à des carences au cours de leur cycle menstruel. Baptisée FitrWoman, cette application permet ainsi aux sportives de haut niveau d’adapter leur entraînement et leur alimentation en fonction de la phase de leur cycle menstruel.