Depuis quelques années maintenant, le sport féminin jouit d’une hausse de popularité auprès des téléspectateurs. Cela s’est particulièrement fait ressenti l’année dernière, lors de la finale du Tournoi des Six Nations féminin ainsi que lors de la Coupe du Monde de football. De manière générale, le sport féminin commence petit à petit à gagner du temps d’antenne sur les principales chaînes de télévision sportive, qu’elles soient privées ou nationales. Les Jeux Olympiques de Paris 2024 devraient servir de levier pour renforcer cette hausse de la médiatisation du sport féminin.
Petit à petit, l’oiseau fait son nid
L’année dernière, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique ou ARCOM avait publié un rapport concernant l’évolution des pratiques de consommation du sport féminin par les Français. Entre 2018 et 2021, l’ARCOM révèle que le sport féminin a bénéficié d’une hausse progressive en termes de diffusion à la télé, passant de 1575h à 2350h de direct, soit + 50%. Cette progression s’illustre non seulement par le nombre d’heures de diffusion, mais aussi par la diversification des disciplines retransmises en direct.
Ainsi, le football, le tennis, le biathlon et le ski constituent les principaux sports féminins les plus suivis à la télévision, mais aussi sur les plateformes de streaming, les réseaux sociaux ou encore dans d’autres supports médias (radio, magazine…). S’en suivent le rugby, le basketball, la boxe et le volley-ball. Pour chacune de ces disciplines, l’ARCOM observe une hausse progressive de l’audience, signe que le sport féminin s’installe petit à petit dans nos habitudes de consommation.
Des chiffres à prendre avec des pincettes
Toutefois, il est nécessaire de prendre du recul au moment de traiter ces chiffres. D’une part, le sport masculin conserve encore une large partie du temps de diffusion sur les principales chaînes sportives, qu’elles soient payantes ou gratuites. D’autre part, cette progression de la médiatisation du sport féminin se fait surtout au rythme des événements sportifs d’envergure internationale : Coupe du Monde, Coupe d’Europe, Jeux Olympiques, etc.
En d’autres termes, le sport féminin rayonne uniquement lors des grands rendez-vous sportifs, au contraire du sport masculin qui bénéficie à la fois d’une couverture médiatique et d’une audience TV quasi constantes. La dernière Coupe du Monde de football, celle de rugby ou encore le dernier Tournoi des Six Nations féminin en sont la preuve flagrante.
Enfin, si 62% des Français et Françaises se disent consommateur de sport féminin, seuls 8% d’entre eux regardent davantage de sport féminin que de sport masculin. Pis, 5% seulement sont des consommateurs journaliers, contre 19% du côté du sport masculin. Les 38% restants avouent ne jamais regarder une émission, une interview ou encore une retransmission en direct d’une discipline sportive féminine.
Un long combat encore
Le sport féminin a donc encore du chemin à faire avant de pouvoir profiter du même niveau de rayonnement médiatique que son homologue masculin. Afin d’accompagner ce long combat, le ministère des Sports, des Jeux Olympiques et Paralympiques, en partenariat avec l’ARCOM, a créé depuis 2014 le programme « Sport Féminin Toujours ».
En parallèle, la Maison Européenne des Sciences de l’Homme et de la Société en partenariat avec l’Université d’Artois organise ce 30 et 31 mai 2024 deux journées d’études sur le thème « La médiatisation du sport « féminin » en 2024. État des lieux et perspectives », avec en toile de fond les Jeux Olympiques de Paris 2024.