Un orage se prépare-t-il au loin dans le monde du football féminin ? Une colère se fait entendre depuis quelque temps chez les joueuses professionnelles, une colère dirigée vers la FIFA. En effet, l’instance numéro un du football mondial est la cible de critiques de la part de plus d’une centaine de joueuses issues de 24 nationalités différentes. En cause, le contrat de parrainage en vigueur entre la FIFA et Aramco, un pétrolier saoudien détenu à 98,5% par le fonds souverain du richissime royaume de Moyen-Orient.
« Un doigt d’honneur au football féminin »
Cette année, la Fédération internationale de football association a signé un accord de parrainage avec Aramco, société détenue à 98,5% par l’État saoudien, pour une période allant jusqu’à fin 2027. Une décision qui ne passe pas du côté de plusieurs joueuses de football. Dans une lettre commune adressée à la FIFA, 120 joueuses professionnelles issues de 24 nations différentes réclament la fin du contrat de parrainage liant l’instance mondiale du football à la société saoudienne.
Publiée mardi, la lettre pointe du doigt le traitement de l’Arabie Saoudite envers les femmes, déclarant ainsi que ce parrainage d’Aramco « est comme un doigt d’honneur adressé au football féminin ». « Les autorités saoudiennes dépensent des milliards en sponsoring sportif pour essayer de détourner l’attention de la réputation brutale que le régime s’est forgée en matière de droits humains, mais la façon dont il traite les femmes parle d’elle-même. (…) Il s’agit d’un régime qui, en janvier 2023, a condamné une doctorante de Leeds, hygiéniste dentaire et mère de deux enfants, Salma al-Shehab, à 27 ans de prison suivis d’une interdiction de voyager de 27 ans pour avoir retweeté en faveur de la liberté d’expression. (…) La FIFA pourrait aussi bien arroser le terrain de pétrole et y mettre le feu », peut-on lire dans la lettre.
Un comité d’évaluation
Parmi les joueuses ayant signé cette lettre, on retrouve l’internationale néerlandaise de Manchester City Vivianne Miedema, la Danoise de l’Inter Milan Sofie Junge Pedersen, l’ancienne capitaine des États-Unis Becky Sauerbrunn, ainsi que Jessie Fleming, Elena Linari et Doris Bacic, respectivement capitaines du Canada, de l’Italie et de la Croatie. La question écologique a également été soulevée par les joueuses dans leur lettre commune : « En tant que plus grande entreprise pétrolière et gazière publique au monde, Saudi Aramco est l’une des sociétés les plus responsables de la destruction de l’avenir du football. Le monde est détruit par les chaleurs extrêmes, la sécheresse, les incendies et les inondations. Alors que nous en payons tous les conséquences, l’Arabie Saoudite engrange ses bénéfices, avec la FIFA comme pom-pom girl. (…) En acceptant le sponsoring d’Aramco, la FIFA choisit l’argent plutôt que la sécurité des femmes et la sécurité de la planète – et c’est une chose contre laquelle nous, en tant que joueuses, nous opposons ensemble ».
Les joueuses signataires de cette lettre proposent à la FIFA la création d’un comité d’évaluation en charge d’examiner l’implication éthique des futurs contrats de sponsoring, afin de s’assurer qu’ils s’accordent avec les valeurs et les objectifs des joueuses qui sont les principales actrices du sport.
De son côté, la FIFA a répondu en mettant en avant son caractère inclusif, tout en soulignant que sa nouvelle stratégie commerciale –dont l’accord avec Aramco- a permis de générer d’importants revenus qui sont ensuite réinjectés dans le développement du football féminin.